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Sur les dents - 2


Où les conséquences suivent la cause avec la diligence qu'on leur connaît, après un mardi férié bienvenu, et au terme d'un vendredi après midi rattrapé un mercredi (c'est complexe, je sais)...




SUUUURRRR-PRIIIIIIISE !



Vous ne l'attendiez pas si tôt, ni si nombreux, mais c'est bien une double ration de semainier que je vous propose aujourd'hui, conscient du trouble existentiel dans lequel je m'apprête à vous plonger séant.


Déjà qu'après cette coupure de début de semaine, on ne sait plus si on est lundi, mardi, mercredi ou jeudi (on sait déjà qu'on n'est pas vendredi, hélas - ou alors seulement cet après-midi, mais avec une semaine d'avance et sans week-end derrière. Vous suivez ?)... alors si le semainier débaroule dans votre boîte mail dès mercredredi soir (on va l'appeler comme ça, du coup), et qu'en plus il couvre deux semaines (dont la première n'en est une qu'au quart, arrondi à l'inférieur), il y a de quoi en perdre son tempus fugit (comprendre : sa notion du temps ET son latin, simultanément).

Pourquoi ce grand chambardement, vous demandez-vous avec le sourcil en vrille, subodorant quelque coup fourré administratif (on ne vous la fait plus, à force).

Les lecteurs assidus du semainier (ils sont deux, j'ai les noms) le savent d'ores et déjà : je serai absent demain plus qu'aujourd'hui, et bien moins qu'après demain. Ou que lundi, ou que mardi, ou que mercredi. Je ne reprendrai que jeudi, ce qui implique que je ne reprendrai que lundi, mais celui d'après (vous suivez toujours ?).

Et là, cher professeur, cher ami, cher collègue, je vais te demander de la pudeur, de ravaler tes larmes, de ne pas te tourner vers les cieux indifférents pour leur crier ton ire, non. Soyons beaux, soyons dignes. Disons-nous au revoir sur un sourire et une poignée de main.

Oh oui, j'ai bien conscience que sans moi, la probabilité que le collège s'écroule est de 94,6%, selon les estimations les plus optimistes. Je sais bien qu'il y a de fortes chances que je n'en retrouve que des ruines, des pans de murs effondrés, des équipes éducatives revenues à l'état sauvage ! Peut-être même en sera-t-on retourné à la préhistoire de la pédagogie : à la lecture cursive, aux opérations mathématiques posées à la main, aux cours appris par cœur, tous ces vestiges d'un enseignement directif et déshumanisé (hum !) ! Peut-être même verrais-je les flammes de ma fenêtre, danser sur l'horizon comme un samedi soir au Macumba. Je m'y suis préparé.


Plus trivialement, je sais que sans mon sourire du matin, vos journées seront fades et sans goût. Si cela peut vous consoler, dites-vous bien que les miennes le seront aussi, mais parce que je ne pourrais plus manger que des compotes pour bébés (car au cas où vous n'auriez pas compris l'implicite : je me fais enlever des dents. Et j'ai peur).


Un seul moi-même vous manquera et tout sera dépeuplé, sauf dans les couloirs pendant les intercours et dans la cour à la récré - en effet, si dépeuplé que soit le monde, il restera bruyant et plutôt chahuteur.


Mais voyez cela comme une mise à l'épreuve ! Une façon de prouver que vous pouvez vous débrouiller sans moi, que je ne suis pas indispensable (on sait tous que je le suis, mais faisons comme si ce n'était pas le cas, ça me gêne, je suis quelqu'un de modeste, c'est même une de mes plus grandes qualités ! Et pourtant, je n'en manque pas !). Au-delà : démontrons que je suis payé à ne rien faire (ce n'est plus un mystère pour personne depuis longtemps) !


Dans le cas contraire, en cas de besoin, n'hésitez pas à me contacter sur mon adresse professionnelle, que je m'efforcerai de consulter régulièrement pour apaiser un peu de ma mauvaise conscience. En effet, en dépit de mes innombrables et inénarrables compétences, je ne peux pas consulter celle du collège à distance (je dégringole dans votre estime, je sais).


Pour information, à mon retour, je vendrai sous le manteau une série limitée de photos de moi avec des joues de hamster, ou en train de pleurer parce que j'ai essayé de croquer dans un quignon de pain en douce. Commencez à économiser, il n'y en aura pas pour tout le monde.


Vous souhaitant une très bonne fin de semaine, un excellent week-end, et une splendide semaine au-delà,



Bien cordialement,


Au secours,



-- 
 
Le secrétaire de direction

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